Dans le cadre de sa politique de rapprochement avec les autres religions pour la promotion de la paix et du dialogue dans le monde, le Pape François (de son vrai nom Jorge Mario Bergoglio NDLR) a effectué une visite de deux jours au Maroc, les 30 et 31 mars derniers. Au nombre des activités, figurait plusieurs rencontres, mais aussi une messe géante dans un gymnase de la capitale, à laquelle ont participé plusieurs milliers de personnes.
C’est à cette occasion que les deux chefs d’Etat ont signé un appel commun pour la défense du statut « multireligieux » de Jérusalem, ville au cœur du conflit israélo-palestinien depuis plusieurs décennies.
Un sujet abordé depuis plusieurs décennies
Bien que cet appel commun ait été la grosse surprise de la visite du souverain pontife dans la capitale marocaine, le sujet est loin d’être nouveau. En effet, au cours des premières semaines de son pontificat, le Pape Jean-Paul II avait adressé une lettre au roi Hassan II, le père du roi Mohammed VI. En 1980, ce dernier avait également effectué une visite de travail au Vatican en sa qualité de président du Comité Al-Qods, organisation mandatée par l’OCI (Organisation de la coopération islamique), dont la mission est de « Préserver le caractère arabo-musulman » de la ville de Jérusalem. 5 ans plus tard, le pape Jean-Paul II avait également effectué une visite au Maroc. Mais aucun document officiel n’avait été signé.
Quel est le véritable enjeu ?
Pour la petite histoire, Jérusalem est considérée comme une ville sainte par les trois principales religions monothéistes. Pour les juifs, elle l’est notamment en raison du mur des Lamentations, vestige de l’ancien Temple de Jérusalem. Pour la religion chrétienne, elle abrite la basilique du Saint-Sépulcre (encore appelée basilique de la Résurrection) où le Christ aurait été inhumé. Pour les musulmans, la Mosquée Al Aqsa serait bâtie à l’emplacement depuis lequel le prophète Mahomet se serait élevé au ciel au cours du voyage nocturne. En 1948, l’ONU avait décidé d’attribuer la partie Ouest à la communauté juive et la partie Est aux musulmans. Mais cela n’a pas permis de résoudre le conflit qui s’est amplifié au fil des années ; les Israéliens continuant d’occuper le secteur palestinien.
Géostratégie ?
Pour beaucoup d’observateurs, cet appel commun en faveur du dialogue religieux intervient comme un coup de pouce du pontife à la mission du Comité Al Qods, actuellement dirigé par le roi Mohamed VI et qui est à la recherche de soutiens face aux Israéliens qui ont officiellement déplacé leur capitale à Jérusalem en décembre 2017. À cet effet, le roi du Maroc a d’ailleurs reçu, quelques jours plus tôt, la visite du roi Abdallah II de Jordanie. Une visite qui entrait dans le cadre de tractations menées afin de conserver la tutelle de ce dernier sur la Mosquée Al Aqsa et l’Eglise du Saint-Sépulcre, menacée par de futurs accords probables entre Donald Trump, Benyamin Netanyahou et plusieurs dirigeants arabes.
Dans tous les cas, à travers cet appel, les deux leaders religieux, qui ont également qualité de chefs d’État, appellent à une cohabitation pacifique à Jérusalem pour que les adeptes des trois religions puissent y exercer librement leur culte. Le communiqué officiel a été lu en Arabe et en Italien.
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