L’idée que l’église du Saint-Sépulcre est le lieu où fut déposé le corps de Jésus après sa crucifixion n’est pas partagées par tous les croyants. En effet, le monde protestant et les chrétiens évangéliques désignent un autre site à Jérusalem connu désormais comme le Jardin du Tombeau.
Concernant le lieu de sépulture du Christ, deux avis s’opposent en prenant appui sur des suppositions et des déductions qui, si elles ne doivent rien à la science, reposent sur la foi des uns et des autres.
Pour les chrétiens, le Saint-Sépulcre désigne le lieu où le corps de Jésus fut déposé après sa crucifixion. Pour les autres, protestants et chrétiens évangéliques, c’est dans la tombe située dans ce qui est désormais appelé le Jardin du Tombeau (ou Jardin de la Tombe) qu’il fut enseveli.
Si aucune approche scientifique ne permet de valider ou d’infirmer ces positions, chaque croyance repose sur une interprétation des textes et sur des déductions liées à la foi de chacun.
Les théories en présence
Près de deux siècles après l’exécution de Jésus, Jérusalem fut rasée par l’empereur Hadrien, transformée en ville romaine et rebaptisée Aelia Capitolina. De nombreux édifices furent détruits ou ensevelis sous de nouvelles constructions. Durant cette périodes les chrétiens étaient persécutés.
Mais, au 4ème siècle de notre ère, l’empereur Constantin se convertit au Christianisme. Sa mère, Hélène, soucieuse de rétablir la grandeur de la foi chrétienne, croit reconnaitre un lieu comme étant celui qui a accueilli le corps du Christ et sur lequel a été construit un temple romain. Constantin fait détruire les édifices situés sur le mont sépulcral pour mettre à jour le tombeau de Jésus.
Pensant l’avoir trouvé, il fait construire des bâtiments à la gloire de Jésus autour du saint vestige. Le lieu est depuis considéré comme saint par les catholiques.
Quelques siècles plus tard, les croisés feront du tombeau du Christ, le but de leurs croisades et le haut lieu du catholicisme.
Le Saint-Sépulcre tel qu’il apparaît aujourd’hui est le résultat de plusieurs constructions qui, de destructions en reconstructions, se sont succédées au fil des siècles, et notamment de celles effectuées au cours du 19ème siècle.
Mais, en 1842, le théologien allemand Otto Thénius dit avoir identifié un autre lieu qui pourrait avoir accueilli le corps de Jésus après sa crucifixion. Des fouilles archéologiques sont entreprises.
Elles vont révéler en 1867 un tombeau taillé dans la roche. Quelques années plus tard, en 1883, le Major britannique Charles Gordon valide cette hypothèse. Il avance l’idée que le Golgotha serait en fait la falaise à proximité dont la forme évoque celle d’un crâne.
Une association est créée afin de préserver le lieu. Les protestants et les chrétiens évangéliques vont se rallier aux arguments avancés et définir le lieu comme le véritable tombeau du Christ.
Les indices qui plaident en faveur du Jardin du Tombeau
Tout d’abord, la falaise qui surplombe le Jardin du Tombeau correspond à la description qu’en ont fait les évangiles.
« Ils se saisirent donc de Jésus. Portant lui-même sa croix, Jésus sortit et gagna le lieu dit du crâne, qu’en hébreu on nomme Golgotha (Jean. 19, 12-19). »
Golgotha signifie donc « Lieu du Crâne ». Les cavités de la falaise laissant apparaitre une forme de crâne ont donc constitué un premier indice important pour Charles Gordon.
La situation de cette falaise plaide également pour cette hypothèse. En effet, le Golgotha était le lieu sur lequel avaient lieu les exécutions. D’une part, contrairement à l’autre lieu identifié comme étant le Golgotha, elle est suffisamment large pour y placer trois croix, celle de Jésus et des deux brigands. De plus, elle est située au croisement de routes importantes, ce qui répondait aux exigences des romains qui souhaitaient exposer les suppliciés à la vue du plus grand nombre.
Quant au tombeau lui-même, les évangiles en donnent une description.
Le tombeau était taillé dans le roc et ce n’était pas une cave naturelle (Mt 27 :60).
Il y a de la place à l’intérieur pour permettre à plusieurs personnes de se tenir debout (Luc 24 :1-3, 10).
Le tombeau situé dans le jardin correspond parfaitement à la description. Il est taillé dans la roche et assez vaste.
De plus, selon les évangiles, c’est dans le jardin de Joseph d’Arimathie qu’était situé le tombeau.
Or, il y avait un jardin dans le lieu où Jésus avait été crucifié, et dans le jardin un sépulcre neuf, où personne encore n’avait été mis. Ce fut là qu’ils déposèrent Jésus, à cause de la préparation des Juifs, parce que le sépulcre était proche (Jean, 19, 41-42)
Les fouilles ont révélé que le tombeau était situé dans un jardin. Un pressoir a notamment permis de conclure qu’une vigne importante s’y trouvait.
Tous ces éléments ont donc conduit les protestants et les chrétiens évangéliques à situer le tombeau du Christ dans ces lieux.
Le Jardin de la Tombe aujourd’hui
Le Jardin du Tombeau est aujourd’hui un lieu de pèlerinage important pour les chrétiens évangéliques et les protestants. Il est ouvert à tous les visiteurs et fréquenté par de nombreux touristes en raison de sa beauté et de son atmosphère paisible.
Vous pourrez voir le pressoir mis à jour. Ce pressoir, en très bon état, atteste que le lieu était la possession d’un homme riche, possédant une grande vigne, description corroborant le fait qu’il s’agissait de Joseph d’Arimathie.
Le jardin abrite également une impressionnante citerne destinée à recevoir les eaux de pluie. Si cette citerne date de l’époque des croisés, elle aurait été construite sur une autre datant du 1er siècle qui aurait pu servir à irriguer le jardin et les vignes de Joseph d’Arimathie
Enfin, le tombeau lui-même peut être visité. S’il a subi quelques réfections à la suite d’un tremblement de terre, il correspond à la description faite par les évangiles.
Quelques vestiges d’une construction byzantine sont également visibles, dont deux croix, une à l’intérieur du tombeau, l’autre à l’extérieur.
Que vous soyez protestants, chrétiens évangéliques, juifs, musulmans ou tout simplement intéressés par l’histoire, le Jardin de la Tombe est un lieu de visite essentiel dont la beauté saura vous ravir.