Qumran : le lieu de la découverte des manuscrits de la mer morte
Qumran se situe dans la partie nord du désert de Judée et au sud de la ville de Jéricho. Cette dernière est considérée comme étant la plus vieille ville au monde. Les grottes de Qumran se trouvent face à la mer Morte et restent un site archéologique le plus révolutionnaire pour l’étude biblique du 20 ieme siècle.
Ce site archéologique, administré par l’organisme des parcs nationaux israéliens, est un site de toute première importance pour les passionnés d’histoire et de religion.
Il se découpe en deux grandes parties. La première accessible sans encombre est composé du cœur de ce qui fut le centre d’un des sous-groupes du judaïsme, se dénommant la « communauté du Yahad ». La seconde partie permet quant à elle l’accès jusqu’à une partie des grottes dans lesquelles furent retrouvées le trésor textuel biblique que compose ces manuscrits.
L’histoire de cette communauté ainsi que les intrigues et le contexte de la découverte des manuscrits qui lui sont associes fut et continu de faire couler beaucoup d’encre, alimentant encore plus de 70 ans après sa découverte les polémiques universitaires et continu d’attiser l’intérêt du monde judéo-chrétien.
L’histoire de la découverte du site
En 1947, à la veille de la création de l’état d’Israël, furent accidentellement découverts les 7 premiers manuscrits par deux membres de la tribu bédouine locale des fils de Tamraah. Les pasteurs Muhammad-a-Deib et Ahmad Muhamed.
Cherchant un membre de leur petit bétail égaré, ils jetèrent dans une grotte une pierre, le bruit de l’éclat les poussèrent à rentrer et y découvrent un ensemble de fragments de cuire contenus dans des jarres. Par la suite, cette grotte portera le nom de « Grotte Numéro 1« .
En 1949 puis de 1952 a 1956, une série de fouilles archéologiques sont entrepris a Qumran. L’école biblique de Jérusalem et le père dominicain Roland de Vaux, légendaire chef de file sont en charge de ces recherches. Ces fouilles tardives s’expliquent du fait des troubles régionaux de part la guerre d’indépendance.
Ainsi, les fouilles ont lieu dans pas moins de 12 grottes. Les archéologues trouvent des milliers de fragments de parchemins de cuir, papyrus mais aussi de cuivre. Ceci se révèleront bien plus tard faisant partie d’un ensemble textuel aujourd’hui évalué à 929 rouleaux bibliques, apocryphes et sectaires.
Ce sont les plus anciens exemplaires de textes bibliques ayant jamais été découverts à cette époque. Ils s’étalent temporellement entre le IIIème siècle avant l’ère commune et l’an 68 du premier siècle ; date ou ces rouleaux furent cachés et dispersés entre les différentes grottes avoisinantes, afin de les protéger face aux romains responsables de la destruction de cette communauté durant la grande guerre qui les opposa aux juifs.
Visite du site avec un guide
Après un petit film introductif dépeignant le mode de vie et certains caractéristiques propre à cette communauté, suivit d’une petite partie muséologique, vous serez enfin invités à pénétrer sur le site de Qumran.
Qumran est une véritable fenêtre ouverte sur l’antiquité. Ainsi, rien de tel que de nous replonger dans la diversité des courants religieux propres à la fin de l’époque du second temple. Nous reflétant architecturalement les préoccupations premières des membres de cette communauté. Cette obsession pour la pureté corporelle de ses membres qui se caractérise par la quantité démesurée de bains rituels, la vie communautaire mais aussi des éléments inédits d’ascétisme, et de retrait de la vie profane que nous retrouverons bien plus tard dans le développement de la vie monacale chrétienne.
La visite nous amène à suivre le tracé d’un système d’alimentation en eau qui drainait les eaux de pluie sur les monts de Judée jusqu’au cœur de la communauté. Ce système qui alimentait les bains rituels et les citernes était vital dans cette zone qualifiée de désert à l’ombre des pluies.
On peut également y découvrir les restes de structures communautaires comme le réfectoire, la tour de garde, le cimetière et les structures agricoles destinées à la production massive de dattes. On y trouve aussi un enclos à petit bétail, ou encore les gigantesques dépôts de glaise servant à une production massive de poteries dépassant largement les besoins de la communauté.
Les grottes exigent quant à elles un effort physique plus conséquent, et sont soumises à certaines limitations d’accès durant les périodes les plus chaudes. Heureusement, certaines de ces grottes, telle que la célèbre grotte numéro 4, restent visibles depuis le site.
L’importance de la découverte des rouleaux de la mer Morte
Cette découverte fut une véritable révolution dans l’étude biblique universitaire comme pour l’étude théologique. Cet ensemble de texte intégrant l’intégralité des rouleaux bibliques connus, mais aussi des textes aujourd’hui qualifiés apocryphes mais qui, à l’époque, faisaient intégralement partie du corpus littéraire, contient aussi des textes propres à cette communauté atypique.
Ces textes qualifient de sectaires nous permettent de considérer d’un jour nouveau la pluralité, la disparité mais aussi les rivalités et l’opposition tant politique que religieuse entre les différents courants du judaïsme de cette époque.
Mais cette découverte nous permettra aussi de retrouver des éléments textuels qui influenceront clairement la compilation de texte intégrés dans le Nouveau Testament tel que le « serment des Béatitudes » dans une version pré-canonique ou l’expression récurrente de l’idée de « nouvelle alliance » dans le parchemin de Damas.
C’est donc ici une double invitation : pour le monde juif, une invitation à repenser son histoire à une époque décisive de son évolution, antérieure au triomphe du judaïsme rabbinique sur le judaïsme sacerdotal, mais aussi de pouvoir se réaccaparer un pan entier de sa littérature disparu depuis 2000 ans et accessible de nouveau aujourd’hui. Pour le monde chrétien, c’est une invitation à reconsidérer le lien historique entre judaïsme et christianisme à travers cette communauté dont une partie de ses singularités transparaitront clairement dans la première communauté judéo-chrétienne.
Si les premières théories quant à ces manuscrits sont aujourd’hui largement dépassées par l’évolution de l’étude universitaire (Esséniens, similitude entre le texte biblique actuelle et les manuscrits, etc…) ce sont précisément les différences textuelles qui sont aujourd’hui au cœur de l’étude.
Ces documents constituant la plus ancienne mais aussi la plus vaste base textuelle nous permettant de reconsidérer les étapes antérieures à la canonisation du texte de référence pour les religions dites « du Livre ».