L’Esplanade des Mosquées (ou mont du Temple) à Jérusalem

Le Mont du Temple, aussi appelé en français, L’Esplanade des Mosquées constitue historiquement l’un des sites les plus importants pour les trois grandes religions monothéistes. Cette esplanade est située au sud-est de la vieille ville de Jérusalem, sur son versant Est.

Elle fait face au Mont des Oliviers, son versant Sud donnant sur les vestiges de la cité de David et son versant Ouest, sur les quartiers juif et musulman de la vieille ville.

Le mont du temple dans l’Histoire

De Salomon à Hérode

L’histoire de ce mont remonte, pour la tradition biblique, à la naissance du monde, l’affleurement de la roche-mère de ce mont étant conceptualisé comme le lieu à partir duquel le monde aurait jailli, sous l’appellation théologique de Rocher de la Fondation.  Ce pays de Moriah, où Abraham (père du monothéisme) soudera une première alliance pacifique avec le roi de Salem, Melchisédech. Plus tardivement, ces terres seront acquises par le deuxième roi d’Israël, David. Celui-ci assurera la conquête de la cite Jébuséenne, puis accédera à la propriété (collective) de ce qui n’était alors qu’une aire de battage avant d’y transférer, ce qui symbolisait la présence du Dieu unique sur terre :  l’Arche d’Alliance. Il entamera aussi d’organiser ce qui sera abouti plus tardivement par son fils : l’édification du Temple dit de Salomon, connu aussi comme le Premier temple et autour duquel s’organisera aussi bien l’unité du culte, que la centralité de Jérusalem.

Ce temple sera finalement détruit par les armées babyloniennes autour de -586, et un exil s’en suivra. Il prendra fin grâce aux perses, et à leur dirigeant Cyrus le Grand, qui, par décret, autorisera le retour de l’exil et la reconstruction du symbole national et religieux. Un second temple sera inauguré 70 ans après sa destruction.

Ce temple restera en place malgré sa souillure par les grecs. Il faudra attendre la montée au pouvoir du très controversé roi Hérode le Grand en -37, pour voir celui que l’on nomme le roi-architecte motiver l’élaboration d’une monumentale esplanade, édifiant ici le plus large (135495 m2) temenos (aire sacrée) de l’Antiquité afin d’élargir l’enceinte plane autour du temple qui fut lui aussi rebâti. Le temple d’Hérode, dont même les détracteurs durent se soumettre à lui accorder l’édification d’un des joyaux attestés de l’architecture antique.

D’un temple terrestre à un temple céleste

C’est cette deuxième version du second temple qui sera contemporaine à Jésus, et c’est ici selon les écritures l’ange annonça à Zacharie que sa femme alors stérile féconderait celui qui recevra le nom de Jean, précurseur de la venue de Jésus. Là encore ou des traditions apocryphes marque la circoncision de Jésus, dans cette « maison de mon père » où Jésus sera présenté à l’âge de 12 ans, et vers lequel il se dirigera régulièrement, durant les fêtes de pèlerinages tout en dénonçant la corruption de son époque et expulsant les marchands qui avaient empiétés sur l’espace cultuel avant de prophétiser sa destruction future.

La destruction arrivera en l’An 70, sous la forme des armées dépêchées depuis Rome par l’empereur Vespasien, qui materont une première grande rébellion nationale des juifs face aux autorités romaines, avant de permettre à la Xème légion romaine, administrée par le général Titus, de détruire leurs symbole national et religieux : le Temple.  Malgré plusieurs tentatives avortées de réédification d’un temple à son emplacement initial, cette esplanade sera réduite à être transformée en déchetterie durant près de 6 siècles, sous la juridiction romaine puis byzantine.

Il faudra attendre les conquêtes arabo-musulmanes du VIIème siècle, pour voir, sous l’administration du second calife : Omar ibn el Khatab, une restauration du culte sur cette esplanade, qui adoptera le titre de Al-Haram Al Sharif (le Noble Sanctuaire).

Tout d’abord, une petite mosquée en bois à l’emplacement actuelle de la mosquée d’El Aksa. Puis en 691 le dôme du Rocher sera inauguré, à l’emplacement préalable du temple, sur la roche marquant l’emplacement du saint des saint. Cette même année débutera l’édification de ce qui se convertira en la troisième mosquée la plus sainte de l’Islam sunnite après la Mecque et Médine, la mosquée d’El-Aksa (la lointaine). L’Islam sunnite, s’appuyant sur la XVIIème sourate du Coran, marque ici la fin du voyage initiatique qui permettra au prophète Mohamed d’accéder depuis la Mecque jusqu’à la mosquée lointaine, et qui, à la suite d’une ascension céleste jusqu’à Allah, serait à l’origine d’un des 5 piliers de l’Islam : les 5 prières quotidiennes.

Marquant sur la roche nomme en arabe « as-Sakhra »   Plus tardivement, les croisés convertiront ces lieux en chapelle pour le Dôme du Rocher : le Templum Domini, et en quartier général de l’ordre de moines-soldats du Templum Salomonis : les templiers, pour El-Aksa.  La chute de Jérusalem, permettra la reprise des lieux aux mains de l’Islam par Saladin en 1187, puis les mameloukes et finalement les ottomans.

Aujourd’hui

La réunification de la ville de Jérusalem, physique dans un premier temps, à la suite de la guerre des 6 jours, puis politique à partir de 1980, fixera désormais le devenir de cette zone. L’administration du Waqf de Jérusalem, conjointement avec les services de sécurité israélienne, veillant au strict respect des accords de statut quo. L’accès y est limité temporellement comme spatialement. L’esplanade du mont du temple n’est donc autorisée aujourd’hui aux non-musulmans que quelques heures par jour, sans autorisation de pénétrer dans l’enceinte d’aucune des mosquées, ni du Dôme du Rocher.

Cependant, l’accès à l’esplanade permet de nombreuses choses :  une vue exceptionnelle sur les 7 porches de la mosquée Al-Aqsa ; de pouvoir contourner incontestablement l’un des plus beaux et symboliques édifices de la ville : le Dôme du Rocher, emplacement du saint des saints.  De poursuivre jusqu’à la Porte dorée ou se focalise depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours les attentes et espoirs d’ère messianique et par laquelle Jésus rentra lors de son entrée triomphale, origine du célèbre dimanche des rameaux. Enfin, l'Esplanade des Mosquées permet de profiter d’un des plus beaux points de vue vers l’est ou se détachent les belles églises qui contrastent avec la gigantesque nécropole du mont des oliviers.

Cette visite s’impose impérativement à toute personne désireuse d’approfondir sa compréhension de la géopolitique régionale mais aussi de l’histoire des religions. Une seule et même enceinte, dans laquelle se combinent à la fois l’unique Lieu saint du judaïsme (l’emplacement du saint des saints), le troisième lieu le plus saint pour l’Islam sunnite et un lieu capital pour l’histoire du christianisme. Illustrations même des triples revendications liées à cette terre et cette ville durant l’Histoire, qui continu encore aujourd’hui de se catalyser autour de ce même point, le cœur de l’histoire du monothéisme et de la civilisation judéo-chrétienne. Lieu de rencontre et d’échange, mais aussi de friction entre Orient et Occident.

 Visiter le Mont du Temple : Horaires d’ouverture et Règles générales

L’accès au Mont du Temple se fait en général chaque jour du dimanche au jeudi, en dehors des fêtes religieuses :

• Eté : 7h30-11h00 puis 13h30-14h30
• Hiver : 7h00-10h30 puis 12h30-13h30

Pour accéder au Mont du Temple il vous faut prendre en considération les éléments suivants : 

• Avoir ses papiers d’identité (passeport étranger de préférence)
• Il y a un control à passer
• La police interdit de rentrer en possession d’objets cultuels (il y a un placard pour ranger des objets sans surveillance)
• Certains espaces sont interdits aux non musulmans d’accéder sur le Mont du Temple
• Des vêtements qui ne couvrent pas la plus grande partie du corps peuvent causer des conflits avec le Waqf