Har Tavor
Le Mont Tabor le lieu de la transfiguration de Jésus
Cette colline qui se détache majestueusement de l’horizon est un lieu prisé par les touristes. Les excursions possibles sont belles et offrent un panorama exceptionnel sur les plaines environnantes. Mais le Mont Tabor (ou le trouve egalement sous le nom Mont Thabor, Mont Tabor ou Har Tavor en hébreu) est avant tout réputé pour sa dimension religieuse. Selon la tradition chrétienne c’est ici que Jésus vécut l’épisode hautement symbolique de la transfiguration. Quelle que soit la raison qui vous conduira sur les pentes et le sommet du Mont Tabor, vous serez forcément envoutés par la magie du site.
Une position stratégique au cœur de la Galilée
Le Mont Tabor (ou Har Tavor) est situé au nord d’Israël, à 9 Km de Nazareth et à 25 Km da la pointe sud du Lac de Tibériade, dans la partie nord-est de la vallée de Jezréel. Le Mont Tabor a joué un rôle important dans l’histoire. Tout d’abord, parce que la vallée qui l’entoure fut le grenier à blé de la région à l’époque biblique.
Ensuite, parce que du haut de ses 588 mètres au-dessus du niveau de la mer, cette colline arrondie qui domine les plaines environnantes constituait une position stratégique lors des guerres que connut le pays. Enfin, parce qu’il est positionné à la croisée de plusieurs grandes routes commerciales : la Via Maris qui reliait l’Egypte à la Syrie, la route qui traversait la Galilée, et à proximité de la vallée du Jourdain qui relie la mer morte au lac de Tibériade.
Le Mont Tavor est un monadnock, c’est à dire une colline qui se détache dans un environnement plat. Sa forme qui constitue une sorte de demi-sphère fonde sa beauté.
Il est entouré de trois petits villages, Oum-el Ganham, Dabouria et Shibli. Un peu plus loin se trouve le célèbre village agricole de Kfar Tabor dont les terres ont été initialement acquises par la famille de Rothschild à la fin du XIXème siècle.
Le Mont Thabor dans les traditions bibliques
Dans l’Ancien Testament : de Noé à l’époque du deuxième temple
Selon la tradition rabbinique, lors du déluge provoqué par Dieu afin d’annihiler une génération impie, le Mont Tavor fut le seul lieu qui ne fut pas recouvert par les eaux.
Dans l’Ancien Testament, le Mont Tavor est d’abord mentionnée comme une frontière entre trois tribus : Néphtali, Zabulon et Issacar (Livre de Josué, chap 19, v 22).
C’est également le théâtre d’une grande bataille qui opposa les armées israélites aux armées cananéennes du roi de Hatsor. Selon le Livre des Juges, Déborah, unique prophétesse et juge des écrits, fit appeler Barak, fils d'Abinoam et lui dit :
« N'est-ce pas l'ordre qu'a donné l'Eternel, le Dieu d'Israël ? Va, dirige-toi sur le Mont Thabor, et prends avec toi dix mille hommes des enfants de Nephthali et des enfants de Zabulon; j'attirerai vers toi, au torrent de Kison, Sisera, chef de l'armée de Jabin, avec ses chars et ses troupes, et je le livrerai entre tes mains. »
Barak accepte mais demande à Déborah d’être présente à ses côtés du fait de ses pouvoirs de prophétesse. Elle accepte mais lui annonce que les honneurs de la victoire reviendront à une femme :
« Je marcherai donc avec toi. Mais, sur la voie où tu marches, l’honneur ne sera pas pour toi : car c’est à une femme que le Seigneur abandonnera Sisera. »
L’armée israélite gagne la bataille. Siséra, vaincu, trouve refuge et hospitalité dans la tente d’une autre femme d’envergure : Yaël. Après l’avoir accueilli et lui avoir donné à boire, elle profite de son sommeil pour lui planter un pieux dans la tête. Cette victoire est la source d’inspiration de l’un des textes les plus anciens du Pentateuque : « le chant de Deborah ».
Cette bataille victorieuse est symbolique car initiée et finalisée par deux femmes israélites.
A l’époque du Deuxième Temple de Jérusalem (-516 – 70), le sommet du Mont Tabor était utilisé pour allumer des feux et ainsi prévenir les villages du nord des jours saints et du début des nouveaux mois.
Dans le Nouveau Testament : la transfiguration
La transfiguration est une des étapes initiatiques les plus significatives de la vie du Christ. Jésus, accompagné de trois des disciples Simon (Pierre), Jean et Jacques, monte sur une « haute montagne », définie ensuite par la tradition chrétienne comme étant le Mont Tabor. Puis il avance seul vers le sommet et là, Moïse et le prophète Elie apparaissent à ses côtés. Jésus connaît alors une métamorphose.
« Son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. » (Matthieu 17,1-9). Une nuée l’entoure et la voie de Dieu se fait entendre : Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre ; et, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le ! » Entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre et furent saisis d’une grande frayeur » (Matthieu 17,1-9).
Cet épisode de la vie de Jésus met en avant sa dimension divine. Il fait écho à un autre épisode, à la fin de sa vie terrestre, dans les jardins de Gethsémané. Jésus est également accompagné des trois mêmes disciples, Simon, Jacques et Jean. Il s’éloigne d’eux et il ressent une tristesse et une angoisse écrasantes.
La transfiguration est présente dans les trois évangiles synoptiques: (Matthieu 17,1-9, Marc 9,2-9, Luc 9,28-36). Elle réemprunte un motif biblique récurrent préalable à toute rencontre divine : une élévation physique. Cette montée sur cette haute montagne nous rappelle d’autres passages : Moise au Mont Sinaï ou encore Elie sur le Mont Horeb et sur le Carmel.
Ce passage est si important que quand le pape Paul VI réalise le premier voyage officiel en Terre Sainte en 1964, il demande expressément de modifier le protocole et l’itinéraire afin de pouvoir intégrer le Mont Tabor à son programme. Sa visite est encore marquée aujourd’hui sur l’entrée de l’église.
Le lieu d’une victoire Napoléonienne
Le Mont Tabor est une des mythiques victoires des forces de Napoléon Bonaparte durant la campagne de Syrie en 1799 (expédition et suite logique de la campagne d’Egypte).
Le général Kleber reçoit pour ordre de diriger sa division dans la vallée d’Afula. L’objectif est de couper la route aux forces ottomanes venues aider la ville portuaire de Saint Jean-d ‘Acre durant son siège.
Dans la nuit du 15 au 16 avril 1799, au pied du Mont Tavor, la division de Kleber, forte de 4000 hommes, fait face aux forces ottomanes. L’obscurité, la peur et le sous-nombre des Français face aux 25 000 fantassins ottomans auraient pu transformer cette bataille en une sanglante défaite. Seul l’appui de 4000 autres soldats de la division Bon permet de renverser la situation.
Cette division dépêchée par Bonaparte prend à revers les forces d’Abdallah Pacha, forçant les ottomans à la débâcle. Dans cette bataille, les troupes françaises ne perdent que 2 hommes et ont seulement 60 blessés. Les pertes du coté ottoman sont estimées à 3000 morts et blessés et près de 500 prisonniers.
Malheureusement pour Napoléon, gagner une bataille ne signifie pas gagner la guerre. Le siège de Saint-Jean d’Acre (mars-mai 1799) est de plus en plus difficile.
Les assiégés sont aidés par la marine anglaise, les renforts ottomans arrivent par le nord et la peste décime l’armée française. Napoléon est obligé de battre en retraite et de mettre fin à la campagne de Syrie. Il met cependant largement en avant les découvertes scientifiques et les victoires militaires pour effacer les raisons de son retour prématuré. La victoire du Mont Tavor est même inscrite sur l’Arc de Triomphe.
Deux églises pour honorer la Transfiguration de Jésus
Au sommet du Mont Tabor, on peut visiter deux églises. Il est possible d’y accéder à pied, à travers différents sentiers ou en suivant la route qui serpente la colline jusqu’au sommet ou s’y rendre en voiture ou en taxis collectifs à partir du village bédouin de Shibli.
L’église franciscaine de la transfiguration
L’église actuelle a été édifiée sur les vestiges de celles qui furent construites au cours des siècles précédents. En effet, à l’époque byzantine, il y avait ici trois églises. Celles-ci furent détruites lors des invasions perses et arabo-musulmanes du VIIème siècle. Un
e église plus grande fut construite pendant la période des croisés puis fut détruite par Saladin au 12ème siècle. Il faut attendre la fin de la période ottomane en 1873 pour qu’une petite église soit construite. Mais c’est au 20ème siècle que les Franciscains obtiennent l’autorisation d’élever un grand et bel édifice selon les plans du plus grand architecte catholique franciscain, le célèbre Antonio Barluzzi, dont le portrait accueille les visiteurs dans la cour de l’église. Les travaux commencèrent en 1919 et furent achevés en 1924.
L’église de la transfiguration domine le Mont Tabor de toute sa splendeur. Visible de toute part, le bâtiment actuel est imbriqué dans un ensemble de vestiges impressionnants. Baptistères, chapelles, structures défensives et fortifications rappellent l’importance tant religieuse que militaire du Mont Tavor.
L’église actuelle est de forme basilicale classique. L’abside est dédiée au Fils quant aux deux nefs elles sont dédiées au Père et au Saint-Esprit. Deux autres chapelles ont été ajoutées à l’entrée de la basilique, l’une consacrée à Moïse et l’autre au prophète Elie, rappelant que ces deux prophètes étaient présents aux côtés de Jésus au moment de la Transfiguration.
Deux terrasses offrent un panorama magnifique qui permet de réaliser l’aspect central et stratégique du Mont Tabor. Depuis son sommet, on voit s’étendre la vallée de Jezréel jusqu’au Mont Gilboa, le Mont Carmel, Megiddo, Nazareth et même, par temps clair, le sommet du Mont Hermon.
L’église grecque-orthodoxe
Dans la partie nord-est du sommet du Mont Tavor se trouve un complexe grec-orthodoxe avec un monastère et une église. Construit en 1911 sur les vestiges d’une église croisée, l’église est également dédiée à la « transfiguration », mot traduit en grec par « métamorphose ».
Elle porte trois noms : l’église grecque-orthodoxe, l’église de la métamorphose et l’église Mar Elias (Saint-Elie). L’église est également associée à une tradition propre aux orthodoxes, qui marque ici le lieu de rencontre entre Abraham et Melchisédech, roi de Salem.
Cette rencontre est détaillée dans le l’Ancien Testament (Genèse, chap 14, v 17-20).
Les vestiges archéologiques
Juste avant d’arriver au sommet du Mont Tabor, on peut voir des traces de fortifications datant de l’époque romaine.
Elles ont été édifiées par Flavius Joseph qui était le commandant de la Galilée au commencement de la révolte juive contre les romains en l’an 66 de notre ère.
Sur le sommet, on observe plusieurs structures anciennes, notamment des chapelles et des citernes. Il y a également des vestiges des remparts et des tours des XIIème et XIIIème siècles construits par les Croisés et les Ayyoubides.
Le Mont Tabor est un site magnifique à visiter, riche en histoire et en découvertes archéologiques mais également pour la majesté du lieu et pour le panorama qu’il offre sur la région qui l’entoure.
FAQ du Mont Tabor
Pourquoi le Mont Tabor est-il associé à l’épisode de la transfiguration ?
Le Mont Tabor n’apparait pas textuellement dans le nouveau testament. Mais la tradition catholique et orthodoxe a ensuite situé la transfiguration sur cette majestueuse colline. Cependant des traditions alternatives existent et définissent le Mont Hermon comme aillant accueilli cet épisode de la vie de Jésus.
A combien de mètres se situe Har Tavor?
Si le Har Tavor se situe à 588 mètres au-dessus du niveau de la mer, il s’élève à 450 mètres des plaines en contrebas. Une hauteur suffisante pour offrir un fantastique panorama sur la la vallée de Jezréel jusqu’aux monts qui l’environnent : le Mont Gilboa, le Mont Carmel, le tell de Megiddo, et même, par temps clair, le sommet du Mont Hermon.
Pourquoi le Mont Tabor figure-t-il sur l’Arc de Triomphe ?
Le Mont Tabor fut le lieu d’une bataille victorieuse de l’armée napoléonienne contre les forces ottomanes lors de la campagne de Syrie en 1799. Même si l’issue de la guerre fut défavorable à Napoléon Bonaparte, la victoire des armées menées par le général Kleber mérita d’être honorée en figurant sur l’Arc de Triomphe.
Comment se rendre sur le Mont Tabor ?
Le Mont Tabor est situé à la sortie de l’autoroute 65. On peut s’y rendre en voiture ou en bus, ligne 355. Il est également possible, une fois au pied du Mont Tabor, de parvenir au sommet à pied.